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Le greffage est une véritable opération chirurgicale des plantes. Ce type de multiplication est certainement le plus délicat mais également le plus passionnant que puisse réaliser un amateur jardinier. Ce procédé consiste à provoquer la soudure de deux plantes différentes ou le prélèvement et la soudure d’un segment de plante sur un autre endroit de cette même plante. On obtient alors un seul sujet qui bénéficie des qualités respectives des deux parties. Ou on obtient un seul sujet dont on a modifié l’apparence.
Qu’est-ce que le greffage.
On appelle porte greffe la portion de plante qui porte les racines. En général, il apporte sa vigueur, voire sa rusticité ou ses capacités à supporter un type de sol que la partie greffée ne supporterait pas. Par exemple, les espèces d’acacias (souvent appelés à tort mimosas) croissant dans des sols acides sont souvent greffées sur des porte-greffes qui eux, supportent les sols calcaires. On obtient un « mimosa » plus facile à cultiver et moins exigeant.
Le greffon se trouve toujours en extrémité. Il propage la variété désirée. La greffe est une méthode de multiplication végétative, cette technique étant utilisée quand les autres techniques plus simples : bouturage, marcottage ou division ne sont pas possibles.
Le greffage permet en outre d’obtenir une foule de cultivars à feuilles panachées, colorées ou à formes prostrées, étalées fastigiées ou retombantes difficile à propager par ailleurs. Un exemple de greffage souvent spectaculaire concerne des espèces de cactus greffées sur un porte-greffe afin d’obtenir un sujet particulièrement décoratif. On peut également sculpter entièrement un sujet avec des greffes successives.
Les tissus du porte-greffe et du greffon sont mis en contact et finissent par se souder. Le porte-greffe alimente le greffon. Ce dernier reproduira fidèlement les caractéristiques de la variété à laquelle il appartient. Il est maintenant acquis que par greffage, on obtient une nette amélioration de la production de fleurs et de fruits (exemple : le citronnier). On a également remarqué que la propagation par greffage donnait des floraisons nettement plus vives (par exemple les albizzias) ou des feuilles plus colorées (exemple : le liquidambar).
Les plantes qui ne se greffent pas.
Certaines plantes ne peuvent se multiplier que par greffage. D’autres sont complètement réfractaires à cette technique. C’est le cas des palmiers, des orchidées, des bambous, des aracées, des broméliacées etc… Certaines plantes primitives comme les fougères ne se greffent pas non plus.
Comment choisir porte-greffe et greffon.
Les greffes se généralisent, entre autres sur les êtres humains. Tout le monde a entendu parler de rejet ou de compatibilité des tissus. Le même genre de problème se pose pour les plantes. On ne peut pas greffer n’importe quoi sur n’importe quoi. Il faut qu’elles soient compatibles entre elles, c’est-à-dire qu’elles appartiennent au moins à la même famille botanique. Inutile de vouloir greffer un cactus sur un ficus. Le plus souvent, même, on utilise des plantes du même genre. Dans certains cas limités, on peut malgré tout créer des greffes sur des genres différents. Par exemple le lilas (genre Syringa) se greffe très bien sur un troène (genre Ligustrum). Mais à chaque fois, il s’agit de plantes assez proches sur un plan botanique.
Le porte greffe que vous allez choisir doit être sain, vigoureux et bien adapté aux conditions climatique de l’endroit ou du sol.
Le greffon, lui, doit être sélectionné sur des pousses d’extrémité et doit parfaitement correspondre à la variété que vous voulez propager.
Points faibles
Les difficultés sont techniques avant tout, puis viennent des problèmes de compatibilité. Le choix du porte-greffe est délicat et il faut une certaine maîtrise pour réussir la technique d’assemblage. Le taux de réussite chez un amateur n’est que 50 % environ. C’est peu. En outre, les plantes greffées ont souvent une longévité moindre que les autres. Le point de soudure demeure une fragilité chez la plante et il a tendance à éclater quand la plante vieillit.
Outillage
Un greffoir. C’est un bistouri de chirurgien pour les plantes. Deux modèles sont proposés : le greffoir à lame droite utilisé pour les greffes en fente ou en incrustation. Le greffoir à spatule, utile pour l’écussonnage et la greffe en couronne.
Les ligatures. Elles vont servir au bandage pour maintenir l’assemblage en place. Ficelle fine, fil de coton ou de laine, attaches en plastique ou raphia peuvent être utilisés.
Le mastic à greffer. C’est un produit cicatrisant et protecteur. Il est indispensable pour la réussite des greffes terminales. Cette pommade noire et odorante peut être appliquée avec une petite spatule en bois.
L’écussonnage : simple et rapide
La greffe en écusson ou écussonnage est la méthode la plus employée du fait de sa simplicité. Les chances de reprise sont importantes. Cette greffe ne concerne que les jeunes plantes, le porte-greffe ne devant pas mesurer plus de 2 cm de diamètre. Le principe consiste à glisser un œil de la variété à propager sous l’écorce du porte-greffe en ayant légèrement incisé celle-ci.
Plusieurs greffons peuvent être posés sur la même plante. Vous pouvez les orienter de part et d’autre du rameau. On estime le taux de réussite de cette greffe à 50% pour un amateur.
Préparation du porte-greffe :
La jeune plante est quasiment laissée intacte. Eliminez simplement quelques pousses secondaires si le sujet est trop branchu. Avec la pointe du greffoir, incisez l’écorce en forme de T sur 3 à 4 cm de longueur. Glissez la spatule du greffoir sous l’écorce pour la soulever en douceur.
Dans le cas des rosiers, la greffe se pratique le plus souvent en pied. C’est-à-dire à quelques centimètres au-dessus du collet. Mais il est possible aussi de placer un écusson à l’extrémité d’une tige bien droite qui servira de tronc. La greffe est dite en tête. Les rosiers, les lantanas et les fuchsias s’y prêtent très bien.
Préparation du greffon.
Prélevez une jeune branche de la variété à propager et si possible, juste avant le greffage. Supprimez toutes les feuilles, mais conservez le pétiole. Glissez la lame du greffoir sous l’écorce, à environ 1 cm au-dessous de l’œil. Effectuez un mouvement tirant de manière à trancher le greffon bien net. Vérifiez qu’il ne se trouve pas une esquille de bois sous l’écusson, autrement, retirez-la délicatement.
Méthode.
Glissez l’écusson sous l’écorce du porte-greffe en veillant à ce que l’œil soit placé dans le bon sens. Veillez à ce que les tissus soient parfaitement en contact. Ne touchez aucune partie des tissus à vif avec les mains, vous risqueriez de transmettre des maladies. A ce niveau, le plus petit brin de terre ou de poussière peut faire avorter la greffe. Rabattez l’écorce du porte-greffe sur l’écusson. Puis ligaturez fermement votre greffe avec du raphia. Inutile de mastiquer ce type de greffe.
Soins. L’écusson doit être soudé au bout de 3 semaines. La reprise se voit quand l’œil se développe. Lorsque l’œil a développé une nouvelle pousse d’environ 15 cm, rabattez l’ensemble du porte-greffe situé au-dessus de l’écusson. Ebourgeonnez toutes les petites pousses latérales du porte-greffe. Pensez à ôter le raphia qui ligaturait le greffon pour qu’il puisse se développer.
La greffe en fente : pour toutes les plantes sur tige
La greffe en fente fait partie des greffes terminales. On les exécute en extrémité de rameaux. La technique est simple, par contre, elle occasionne une plaie profonde qui rend sa réussite parfois hasardeuse. Les outils doivent être désinfecté et les coupes, le plus soigneusement possible pour ne pas hacher les tissus. La greffe en fente se pratique beaucoup au mois d’avril car le temps est doux. Mais vous pouvez aussi l’effectuer entre le 15 août et la fin du mois de septembre.
Préparation du porte-greffe
Le sujet doit mesurer de 1,5 à 3,5 cm de diamètre. Rabattez-le à la hauteur désirée pour la greffe. Pour un rosier tige, par exemple, 1,10 m est une bonne hauteur. Fendez le porte-greffe en son milieu sur 5 à 6 cm de longueur, sans faire éclater le bois.
Préparation du greffon
Choisissez un rameau dit aoûté, c’est à dire qu’i commence à peine à devenir ligneux. N’utilisez que la partie centrale du rameau, et non les parties latérales. Taillez le bois en biseau, de part et d’autre d’un œil bien développé. Taillez ensuite votre greffon pour qu’il ne possède plus que trois yeux et qu’il ne soit plus que de 7 à 10 cm de longueur.
Méthode
Avec un coin en bois ou la spatule du greffoir, écartez la fente qui a été faite dans le porte-greffe et glissez-y le greffon de manière à ce que l’œil situé à la base du biseau affleure la partie supérieure du porte-greffe. Il faut que les écorces coïncident pour que la greffe puisse prendre. Laissez ensuite la fente se refermer sur le greffon. Ligaturez très fermement avec du raphia ou de la ficelle fine. Mastiquez toute la greffe en bouchant bien les fissures et en débordant largement de part et d’autre de la greffe. Mastiquez également la partie supérieure du greffon.
Soins
Un mois est nécessaire pour la reprise. Tant que les yeux du greffon restent verts, c’est bon signe. La réussite sera complète quand les yeux du greffon commenceront à produire un rameau. Coupez la ligature dès que les signes de reprises sont présents. Appliquez une nouvelle couche de mastic pour consolider le greffon, puis ébourgeonnez toutes pousses latérales le long du porte-greffe.
La greffe de côté sous écorce : pour arbres à feuillage coloré et les conifères
Cette greffe est intéressante pour remodeler le port d’un bonzaï, d’un conifère, d’une espèce arbustive ou d’une espèce ligneuse. Cette greffe se pratique en février/mars et durant tout le printemps.
Préparation du porte-greffe
Choisissez un sujet dont le diamètre de la tige principale est inférieur à 1 cm. Débarrassez l’endroit de la future greffe de toutes feuilles ou aiguilles qui la recouvreraient. Avec la pointe du greffoir, fendez obliquement l’écorce en évitant d’atteindre le centre de la tige. Une incision de 2 cm est suffisante.
Préparation du greffon
Prélevez au moment du greffage une petite branche jeune de la variété à propager. Dénudez sa base et entaillez délicatement le rameau en biseau, à l’opposé d’un œil. Le rameau doit posséder un œil terminal, surtout pour les conifères. La longueur maximale du greffon doit être de 15 cm.
Méthode
Il suffit de glisser la partie effilée du greffon dans l’entaille ménagée sur le porte-greffe. Veillez à ce que les écorces se trouvent bien dans le prolongement l’une de l’autre. Attachez la greffe avec du fil et engluez toutes les parties à vif avec du mastic.
Soins
Il est préférable d’envelopper le tout dans un sachet de plastique transparent pour que la plante soit dans un micro climat chaud et humide. Il faut parfois compter une année avant que la branche greffée ne donne des signes de reprise. Abritez votre plante du froid et du soleil direct et maintenez une bonne hygrométrie. Les signes de reprises sont évidents quand la jeune greffe commence à se développer. Vous pouvez alors retirer progressivement le sachet de plastique. Ne transplantez pas la plante avant que la greffe n’ait poussé d’au moins 10 cm.
La greffe en approche : Pour modeler un ficus, un pachira, un cactus etc…
Cette greffe est assez simple sur le principe. On l’appelle aussi « en approche » et elle est fort utile pour obtenir des troncs tressés ou très biscornus pour certains bonzaïs. La greffe en placage est utilisée pour les cactus. On peut greffer par exemple une variété ronde sur un cierge. Cette greffe est effectuée au printemps.
Préparation du porte-greffe
C’est toujours un jeune plant appartenant à l’espèce que vous allez greffer, et de l’espèce type. Il doit avoir 2 ou 3 ans et mesurer au minimum 25 cm de hauteur. Avec une lame de rasoir, retirez un lambeau d’écorce avec une petite portion de bois.
Préparation du greffon
Elle se fait comme pour le porte-greffe, en trouvant une pousse dont les dimensions correspondent avec le porte-greffe. On peut aussi prendre un greffon sur la plante mère elle-même, préparé et assemblé sans être détaché du porte-greffe. On appelle cette technique : greffe marcotte car elle tient des 2 techniques, le greffage et le marcottage.
Méthode
Il suffit de mettre les tissus en contact. Veillez à ce que les deux entailles soient de longueur identique. Les coupes doivent être parfaitement plates pour que les tissus puissent être appliqués fortement l’un à l’autre. Ligaturez aussitôt la greffe avec du raphia. La ligature doit dépasser la longueur de l’assemblage. Les greffes marcottes, il n’est pas nécessaire de mastiquer. Par contre, les greffes par placage de rameaux détachés doivent être largement mastiquées. Cette protection rend la greffe impénétrable, ce qui joue beaucoup sur la reprise. Veillez à une bonne humidité de l’air.
Soins
La reprise sera longue, surtout pour les greffes marcottes. Il faut compter une saison, voire deux. Des signes de développement du greffon vous indiqueront la reprise de la greffe. Sevrez alors la greffe marcotte si c’est la technique que vous avez utilisée.
La greffe à cheval : Pour les rhododendrons et les camélias.
Cette technique consiste à faire un double biseau sur le porte-greffe de manière à ce que l’assemblage tienne parfaitement en place. Elle requiert des sujets de même diamètre et se fait en février/mars. Cette technique demande énormément de précision.
Préparation du porte-greffe
Utilisez des jeunes sujets ayant à peu près 3 ans et environ 1 cm de diamètre. Rabattez la tige principale à 10 ou 15 cm du sol. Entaillez l’extrémité en biseau de chaque côté. Le biseau ne doit pas dépasser 4 cm de longueur.
Préparation du greffon
Sur la variété à propager, choisissez une branche d’un diamètre identique à celui du porte-greffe. Taillez le centre de la tige en triangle. Il ne doit subsister que deux languettes en forme de V inversé et de 4 cm de long.
Méthode
Encastrez la partie inférieure du greffon sur l’extrémité en pointe du porte-greffe. Les parties à vif doivent parfaitement s’appliquer les unes aux autres. Appuyez bien pour consolider l’assemblage et veillez à ce que les deux tiges soient bien dans le prolongement l’une de l’autre. Le moindre décalage dans les tissus empêcherait la greffe de reprendre. Ligaturez le tout et recouvrez toute la greffe de mastic.
Soins
La reprise sera assurée en fin de saison. Courant mai, grattez le mastic et tranchez la ligature pour permettre à la nouvelle plante de pousser sans s’étrangler.
La greffe en flûte : Pour rendre un citrus fertile.
Cette greffe est essentiellement destinée à redonner de la fertilité à un arbre. En effet, on greffe des boutons à fruits sur des parties branchues un peu dénudées. Cette méthode est assez délicate, mais à la portée d’un amateur de plantes à fleurs et à fruits.
Préparation du porte-greffe
Avec la pointe du greffoir, incisez l’écorce sur tout le diamètre du porte-greffe. Entaillez ensuite l’écorce longitudinalement et en plusieurs endroits pour pouvoir la détacher en petites lanières. Retirez ainsi l’écorce du sujet sur une hauteur de 3 cm.
Préparation du greffon
Prélevez une jeune branche de la variété à multiplier. Pour réussir, cette greffe demande que le diamètre du greffon et celui du porte-greffe soient identiques. Le rameau doit être déjà en sève. Sélectionnez un bouton à fruit bien formé. Vous le reconnaîtrez car il est bien gonflé. Incisez l’écorce verticalement et à l’opposé de l’œil, sur 3 cm de hauteur. Coupez ensuite en couronne à chaque extrémité de la fente longitudinale. Glissez la spatule du greffoir sous l’écorce et détachez l’œil du rameau.
Méthode
Placez le bouton à fruit avec son écorce en habillage du porte-greffe. Ligaturez fermement et mastiquez largement. En début de végétation, la montée de sève fait qu’il ne faut que quelques jours pour assurer la reprise de la greffe.