Assemblage bois sans vis ni clou : assemblage tenon,chevillé & lamelles
En ébénisterie, l’assemblage du bois par des moyens traditionnels n’utilisant ni clous ni vis permet d’obtenir une finition plus naturelle, plus esthétique et plus professionnelle.
On choisit une méthode d’assemblage en fonction des outils dont on dispose, de nos connaissances, de nos habitudes, de nos capacités, et évidemment du projet à réaliser, bien qu’une même méthode puisse être utilisée pour divers types de projets.
Types d’assemblage de bois ni vis ni clous
Voici quelques-uns des assemblages les plus populaires.
Assemblage à tenon et mortaise
La mortaise est une entaille pratiquée dans un montant (partie femelle), alors que le tenon est une partie saillante sur le bout d’une traverse (partie mâle), destinée à s’insérer dans l’entaille.
Il est possible d’insérer la traverse directement dans la mortaise (i.e. sans lui donner de forme particulière) mais habituellement on la sculpte afin de lui donner des épaulements. Ces derniers sont des surfaces d’arrêt qui se retrouvent sur 1, 2, 3 ou 4 côtés du tenon, empêchant celui-ci de s’enfoncer au-delà d’une certaine profondeur, et stabilisant aussi l’assemblage tout en camouflant les contours de la mortaise.
Pour offrir une tenue maximale, le tenon peut traverser complètement le montant (tenon traversant), mais l’extrémité du tenon sera alors apparente, ce qui peut être inesthétique pour certains meubles. Pour un assemblage invisible, la mortaise ne sera pas creusée de part en part du montant, camouflant ainsi l’extrémité du tenon (tenon aveugle).
Populaire auprès des ébénistes pour assembler des pièces de même épaisseur lors de la réalisation de meubles.
Assemblage chevillé
Ce type d’assemblage consiste à percer des trous dans chaque pièce à assembler, puis à y insérer des chevilles de bois (aussi appelées « goujons » ou «tourillons »), qui établissent ainsi le lien entre les deux pièces. Les goujons préfabriqués existent en différentes tailles (ex. : diamètre de ½ po, ¼ po) et comportent des rainures pour permettre à l’excédent de colle de sortir.
Les chevilles peuvent aussi être réalisées en coupant des morceaux de baguettes : il en existe une plus grande variété de diamètres que les goujons préfabriqués, ce qui permet d’obtenir des longueurs et des diamètres correspondant à des besoins particuliers. Les goujons n’auront cependant pas de rainures, mais il est facile d’en tracer soi-même.
Par sa simplicité et son principe, ce type d’assemblage peut être appliqué à divers travaux : assembler des boîtes, tiroirs, meubles, cadres…
Assemblage à queue d’aronde
L’assemblage en queue d’aronde consiste à réaliser, sur une pièce, des tenons de forme trapézoïdale devant s’insérer dans des rainures de même forme, pratiquées sur l’autre pièce, laissant ainsi apparaître sur celle-ci des extrémités en queue d’hirondelle – d’où le nom. Ce type d’assemblage offre une grande résistance lorsque les pièces sont soumises à des tractions.
Fréquemment utilisé pour l’assemblage de pièces larges soumises à des tractions, dont l’exemple typique est la réalisation de tiroirs et boîtes.
Assemblage à mi-bois
Le principe est très simple : il consiste à assembler deux pièces de même épaisseur, devant se croiser en T, en + ou même en X, en retirant à chacune de ces pièces la moitié de son épaisseur, à l’endroit où elles se rencontrent.
Pour réaliser un assemblage qui sera plus esthétique et plus solide que de simplement superposer et visser les deux pièces. Puisque les surfaces des pièces affleurent, il est aussi possible de les recouvrir de panneaux.
Assemblage à lamelles (ou biscuits)
Comme pour l’assemblage à l’aide de goujons ou de faux-tenons, ce type d’assemblage repose sur l’insertion d’une pièce de bois dans les pièces à assembler. Dans le cas présent, la pièce consiste en une lamelle de bois comprimé (aussi appelée « biscuit ») qui gonfle dans la fente où elle est insérée (grâce à l’humidité de la colle), réalisant ainsi un assemblage très solide.
Très facile et rapide à réaliser, grâce à la fraiseuse à lamelles (outil spécialisé, qui offre de surcroît une grande précision), ce type d’assemblage est adopté par de plus en plus de bricoleurs, de l’amateur au professionnel.
Permettant de réaliser divers types d’assemblages, tels meubles, tiroirs et portes d’armoires, les lamelles sont particulièrement bien adaptées pour l’assemblage de pièces reliées par leur tranche, comme par exemple pour joindre latéralement plusieurs planches destinées à confectionner un dessus de table.
Assemblage à rainure et languette (bouvetage)
Une rainure est pratiquée sur toute la longueur d’une pièce de bois, afin d’y insérer la languette pratiquée sur toute la longueur d’une autre pièce.
Pour assembler latéralement des planches destinées à la fabrication de panneaux, dessus de table, planchers, etc. ou encore pour installer des tablettes dans des meubles et réaliser des portes d’armoire (voir l’assemblage « profil / contre-profil »).
Assemblage profil / contre-profil
Très utilisé par les fabricants d’armoires de cuisines, ce principe découle directement de l’assemblage à rainure et languette : il consiste à machiner les deux pièces à assembler selon des formes (ou « profils ») complémentaires. C’est, en fait, une variante de l’assemblage « rainure et languette » qui s’est suffisamment développée pour justifier sa propre description.
Ce type d’assemblage, rapide et facile à réaliser avec l’équipement adéquat (toupie), offre une bonne solidité, ainsi qu’une grande surface de contact pour l’application de colle.
De surcroît, vous réalisez non seulement le profil destiné à assembler les pièces ainsi que la rainure pour l’insertion du panneau central (à l’instar de l’assemblage à rainure et languette) mais vous réalisez aussi la moulure de finition intérieure!
À utiliser pour la réalisation de portes à panneau central (armoires et meubles divers).
Techniques pour solidifier des assemblages de bois sans vis
On peut évidemment visser ou clouer les pièces assemblées afin de les solidifier, mais puisqu’on s’intéresse aux assemblages sans clous ni vis, voyons comment nous pouvons continuer à nous en passer…
Colle pour assemblage de bois
Une colle à bois ou à matériaux de construction solidifiera tout type d’assemblage. Dans le cas des lamelles, cependant, la colle ne sert pas seulement à établir un lien basé sur le pouvoir d’adhérence, mais aussi à humidifier les lamelles, qui prennent alors de l’expansion dans la fente, créant ainsi un lien physique entre les deux pièces à assembler.
Clés pour assembler le bois
Cette technique, qui s’apparente au principe des lamelles, s’applique aux assemblages de pièces en coupe d’onglet (ex. : cadres). On découpe des traits dans le coin extérieur de l’assemblage et on y insère des languettes de bois. On laisse sécher la colle, puis on retire, à la scie à dosseret ou à la lime, les bouts de languettes qui dépassent, en prenant soin de ne pas endommager la surface.
Chevilles (DOWELS)
Les chevilles de bois peuvent être utilisées pour littéralement verrouiller un assemblage de type « tenon et mortaise » : il suffit de percer l’assemblage de part en part, puis d’insérer un goujon dans le trou. Pour encore plus d’efficacité, on réalisera un verrouillage « à la tire » : le trou du tenon est légèrement décalé (environ ½ à 1 mm) par rapport aux trous percés dans la mortaise. Lors de son insertion, le goujon « tire » sur le tenon, l’entraînant vers la mortaise.
Coins (ou clavettes)
Les assemblages « tenon et mortaise » traversants peuvent être solidifiés par l’insertion de coins de bois (languettes de bois dont l’épaisseur va en croissant) : on découpe des fentes sur l’extrémité du tenon (ce qui lui donne un aspect de « fourchette »), on glisse celui-ci dans la mortaise (qui est creusée de part en part de la pièce), puis on insère un coin dans chacune des fentes et on le fait pénétrer en le frappant légèrement avec un maillet. Cela a pour effet d’écarter les parties du tenon qui forment la « fourchette ». On peut élargir la mortaise là où sort le tenon, ce qui permet à celui-ci de s’écarter davantage, pour un verrouillage accru.
Explorer et expérimenter les divers types d’assemblages sur des pièces de bois de rebut est un moyen agréable et instructif de s’initier à l’ébénisterie. Lorsque vous aurez une belle collection de bouts de bois parfaitement assemblés (mais inutiles en eux-mêmes) vous pourrez alors vous lancer en toute confiance dans un premier projet faisant appel à vos nouvelles aptitudes!